TERRE PERDUE
Comme lames de fond
réminiscences de paradis perdu
Lumière à gros bouillons giclant entre les doigts
Pluies de suffocation drue
Mélopées muezzines
Arbres séculaires couvrant des jardins noirs
Cumin cannelle et miel
ligués en lourds parfums qui tailladent le coeur
Vent marin chuintant à travers les pinèdes
Tohu-bohu des fragrances
de saisons convulsives
Grenade gainée de cuir
ensanglantant la bouche
Ciel d'azur à couches redoublées
Flamboyance des oursins
Sirocco colérique
martelant sa brûlure contre les volets clos
Sauvagerie solaire
Rugissements de récoltes
Jusqu'à l'os rocheux terre rôtie
Herbe rêvée au bord des cils
Cèdres de l'Atlas embrumés d'organza
Rareté de neige
accueillie en offrande paumes ouvertes
Aubes de sucre d'orge
Crépuscules safranés
Mon exil meurt de faim
du rivage enivrant où palpitaient mes joies
Là-bas la mer s'ébroue dans l'outrance des bleus